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La vérité avec laquelle le nouveau venu imitait l’allure de l’animal dont il portait la peau avait frappé quelques amateurs d’histoire naturelle. Les curieux s’approchèrent donc de plus en plus, et, voulant s’assurer que son talent d’observation s’étendait jusqu’à la voix, ils lui tirèrent les poils de la queue ou lui pincèrent la peau de l’oreille.

— Grooonnn ! fit Tom.

Un cri d’admiration s’éleva dans la société : c’était à s’y méprendre.

Fau conduisit Tom au buffet, lui offrit quelques petits gâteaux, dont il était très-friand, et qu’il absorba avec une voracité si bien imitée, que la galerie en pouffa de rire ; puis il lui versa un verre d’eau que Tom prit avec délicatesse entre ses pattes, ainsi qu’il avait l’habitude de le faire quand Decamps lui accordait par hasard l’honneur de l’admettre à sa table, et l’avala d’un trait. Alors l’enthousiasme fut à son comble.

C’est au point que, lorsque Fau voulut quitter le buffet, il se trouva enfermé dans un cercle si serré, qu’il commença à craindre qu’il ne prît envie à Tom, pour en sortir, d’appeler à son secours ses dents et ses griffes, ce qui aurait compliqué la chose ; il le conduisit, en conséquence, dans un coin, lui appuya le dos dans l’angle et lui ordonna de se tenir tranquille jusqu’à nouvel ordre. C’était, comme nous l’avons dit, un genre d’exercice très-familier à Tom, que celui de monter sa garde, en ce qu’il était parfaitement approprié à l’indolence de son caractère. Aussi, plus fidèle observateur de sa consigne que