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ours se promener dans ses plates-bandes : il referma vivement la porte de son perron, qu’il avait ouverte à l’effet de se livrer au même exercice, et essaya de reconnaître, à travers les carreaux, par quelle voie ce nouvel amateur d’horticulture avait pénétré dans son jardin ; malheureusement, l’ouverture était cachée par un massif de lilas, de sorte que l’inspection, si prolongée qu’elle fût, n’amena aucun résultat satisfaisant. Alors, comme le locataire du rez-de-chaussée du n° 111 avait le bonheur d’être abonné au Constitutionnel, il se rappela avoir lu, quelques jours auparavant, sous la rubrique de Valenciennes, que cette ville avait été le théâtre d’un phénomène fort singulier : une pluie de crapauds était tombée avec accompagnement de tonnerre et d’éclairs, et cela en telle quantité, que les rues de la ville et les toits des maisons en avaient été couverts. Immédiatement après, le ciel, qui, deux heures auparavant, était gris de cendre, était devenu bleu indigo. L’abonné du Constitutionnel leva les yeux en l’air, et, voyant le ciel noir comme de l’encre et Tom dans son jardin, sans pouvoir se rendre compte de la manière dont il était entré, il commença à croire qu’un phénomène pareil à celui de Valenciennes était sur le point de se renouveler, avec cette seule différence qu’au lieu de crapauds, il allait pleuvoir des ours. L’un n’était pas plus étonnant que l’autre ; la grêle était plus grosse et plus dangereuse : voilà tout. Préoccupé de cette idée, il se retourna vers son baromètre, l’aiguille indiquait pluie et tempête ; en ce moment, le roulement de la foudre se fit entendre. La flamme bleuâtre d’un