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Alexandre Decamps, qui était plus particulièrement lié avec lui, se chargea de l’excuser auprès de la société, et, comme preuve de sa sociabilité, il offrit d’aller chercher Tom partout où il serait et de le ramener comme sainte Marthe avait ramené la tarasque avec une simple faveur bleue ou rose : un petit drôle de douze à quinze ans s’avança alors et lui présenta la jarretière de la mariée, qu’il venait de prendre sous la table pour en décorer les convives lorsque l’alerte avait été donnée ; Alexandre prit le ruban, entra dans la salle à manger, et trouva Tom qui se promenait avec une adresse merveilleuse sur la table toute servie : il en était à son troisième baba.

Ce nouveau délit le perdit : le marié avait malheureusement les mêmes goûts que Tom ; il fit appel aux amateurs de baba ; de violents murmures s’élevèrent aussitôt, que ne put calmer la docilité avec laquelle le pauvre Tom suivit Alexandre. À la porte, il rencontra le propriétaire, à qui la marquise venait de signifier qu’elle donnait congé ; le marié, de son côté, déclara qu’il ne resterait pas un quart d’heure de plus dans la maison, si on ne lui faisait pas justice ; le reste des locataires fit chorus. Le propriétaire pâlit en voyant d’avance sa maison vide ; il signifia, en conséquence, à Decamps que, quel que fût son désir de le garder chez lui, cela devenait impossible, s’il ne se défaisait immédiatement d’un animal qui donnait, à pareille heure et dans une maison honnête, de si graves sujets de scandale. De son côté, Decamps, qui commençait à se dégoûter de Tom, ne fit de résistance que juste ce qu’il en fallait pour qu’on lui sût gré de cé-