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qu’il ne lui ouvrit pas une artère au lieu d’une veine.

» Le capitaine et l’équipage avaient grande confiance dans le docteur ; aussi écoutèrent-ils avec un profond respect la dissertation scientifique dont nous avons rapporté le principal argument : il n’y eut que Double-Bouche qui secoua la tête en signe de doute. Double-Bouche avait une vieille haine contre le docteur : un jour que des prunes confites dont le capitaine Pamphile faisait le plus grand cas, attendu qu’elles lui venaient de son épouse, un jour donc que ces prunes, renfermées dans une armoire particulière, avaient visiblement diminué de nombre, il avait rassemblé son équipage pour connaître les voleurs capables de porter la dent sur les provisions particulières du chef suprême de la Roxelane : chacun avait nié, et Double-Bouche comme les autres ; cependant, comme celui-ci était coutumier du fait, le capitaine avait pris sa dénégation pour ce qu’elle valait, et avait demandé au docteur s’il n’y avait pas quelque moyen d’arriver à la vérité. Le docteur, dont la devise était celle de Jean-Jacques, vitam impendere vero, avait répondu que rien n’était plus facile, et qu’il y avait pour cela deux moyens infaillibles : le premier et le plus prompt était d’ouvrir le ventre à Double-Bouche, opération qui pouvait se faire en sept secondes ; le second était de lui donner un vomitif qui, selon son gré de force entraînerait un délai plus ou moins long, mais qui, dans tous les cas, ne dépasserait pas une heure ; le capitaine Pamphile, qui était l’homme des moyens doux, opta pour le vomitif ; sa médecine fut immédiatement et de force administrée, puis