Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que, comme le traitement allait toujours son train, et que Jacques appréciait de plus en plus le traitement, il finit par tomber ivre-mort entre les bras de son ami Double-Bouche, qui descendit le blessé dans la cabine et le coucha dans son propre lit.

» Jacques dormit douze heures de suite : et, lorsqu’il se réveilla, la première chose qui frappa ses yeux fut son ami Double-Bouche occupé à plumer une poule. Ce spectacle n’était pas nouveau pour Jacques ; cependant, il parut, cette fois, y donner une attention singulière ; il se leva doucement, s’approcha les yeux fixes, examina le mécanisme à l’aide duquel le travailleur procédait, et demeura immobile et préoccupé pendant tout le temps que dura l’opération ; la poule plumée, Jacques, qui se sentait la tête encore un peu lourde, monta sur le pont afin de prendre l’air.

» Le vent continuait d’être favorable le lendemain, de sorte que le capitaine Pamphile, voyant que tout marchait au gré de ses vœux, et jugeant inutile de transporter à Marseille les poules qui restaient à bord et qu’il n’avait point d’ailleurs achetées dans un but de spéculation, donna ordre, sous prétexte que sa santé commençait à se déranger, qu’on lui servît tous les jours, outre sa tranche d’hippopotame et sa bouillabaisse, une volaille fraîche, bouillie ou rôtie. Cinq minutes après ces ordres donnés, les cris d’un canard que l’on égorgeait se firent entendre.

À ce bruit, Jacques descendit de la grande vergue si rapidement, que quelqu’un qui n’aurait point connu son caractère égoïste, aurait cru qu’il courait au secours de