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était des plus désagréables à Catacoua, et, sitôt que le capitaine Pamphile s’approchait de lui, il défilait tout son répertoire. Malheureusement, aucun de ses instituteurs ne lui avait appris à crier au voleur, de sorte que son maître prenait cette sortie, qui n’était autre chose qu’une dénonciation en forme, pour le plaisir que lui causait sa présence, et, convaincu qu’il avait mangé son dessert, se contentait de lui gratter délicatement la tête ; ce que Catacoua appréciait jusqu’à un certain point, mais infiniment moins cependant que le morceau de sucre en question. Catacoua comprit donc qu’il fallait qu’il s’en remît à lui seul du soin de sa vengeance, et, un jour qu’après lui avoir volé le morceau, Jacques repassait la main à travers la cage pour en ramasser les miettes, Catacoua se laissa pendre par une patte, et, tout en ayant l’air de s’occuper de gymnastique, attrapa le pouce de Jacques et le mordit outrageusement. Jacques jeta un cri perçant, s’accrocha aux cordages, monta tant qu’il trouva du chanvre et du bois ; puis, s’arrêtant sur le point le plus élevé du navire, il resta là piteusement cramponné de ses trois pattes au mât, et secouant la quatrième comme s’il eût tenu un goupillon.

« À l’heure du dîner, le capitaine Pamphile siffla Jacques : mais Jacques ne répondit pas ; ce silence était si contraire à ses habitudes hygiéniques, que le capitaine Pamphile commença à s’en inquiéter ; il siffla derechef, et, cette fois, il entendit une espèce de grondement qui semblait lui répondre des nuages ; il leva les yeux et aperçut Jacques, qui donnait la bénédiction urbi et orbi ;