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» Aussi, quand le capitaine Pamphile avait passé en se réveillant l’inspection de son bâtiment, regardé si chaque homme était à son poste et chaque chose à sa place ; lorsqu’il avait fait distribuer la ration d’eau-de-vie aux matelots et les coups de garcette aux mousses ; lorsqu’il avait examiné le ciel, étudié la mer et sifflé le vent ; lorsqu’il arrivait enfin avec cette sérénité de l’âme que donne la certitude d’avoir rempli ses devoirs, il allait à Catacoua, suivi de Jacques, qui grossissait à vue d’œil, et qui partageait avec son rival emplumé toute l’affection du capitaine Pamphile, et lui donnait sa leçon de provençal ; puis, s’il était content de son élève, il introduisait un morceau de sucre entre les barreaux de la cage, récompense à laquelle Catacoua paraissait très-sensible, et dont Jacques se montrait fort jaloux ; aussi, dès qu’un incident imprévu attirait le capitaine Pamphile d’un autre côté, Jacques s’approchait de la cage, et faisait si bien, que le morceau de sucre changeait habituellement de destination, au grand désespoir de Catacoua, qui, la patte en l’air et la crête dressée, faisait alors retentir l’air de ses chants les plus formidables ou de ses jurons les plus terribles ; quant à Jacques, il restait d’un air innocent auprès de la prison où le volé faisait rage, fourrant, lorsqu’il n’avait pas le temps de le croquer, dans les poches de ses joues le corps du délit, qui y fondait tout doucement, tandis qu’il se grattait le côté, clignait béatement les yeux, forcé qu’il était, pour toute punition, de boire son sucre au lieu de le manger.

» On comprend que cette atteinte à la propriété mobilière