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» Tron dé Diou de répétile ! essé qué tu crois me fairé peur ? dit le capitaine.

» Et, au moment où le serpent ouvrait la gueule, il lui envoya une balle qui lui traversa le palais et sortit par le haut de la tête. Le serpent tomba mort.

» Le capitaine commença par recharger tranquillement son fusil ; puis, tirant son couteau de sa poche, il alla vers l’animal, lui ouvrit le ventre, sépara le foie des entrailles, comme avait fait l’ange de Tobie, et, après un instant de recherche active, il y trouva une petite pierre bleue de la grosseur d’une noisette.

» — Bon ! dit-il.

» Et il mit la pierre dans une bourse où il y en avait déjà une douzaine d’autres pareilles. Le capitaine Pamphile était lettré comme un mandarin : il avait lu les Mille et une Nuits et cherchait le bézoard enchanté du prince Caram-al-Zaman.

» Dès qu’il crut l’avoir trouvé, il se remit en chasse.

» Au bout d’un quart d’heure, il vit s’agiter les herbes à quarante pas devant lui et entendit un rugissement terrible. À ce bruit, tous les êtres semblèrent reconnaître le maître de la création. Les oiseaux, qui chantaient, se turent ; deux gazelles, effarouchées, bondirent et s’élancèrent dans la plaine ; un éléphant sauvage, qu’on apercevait à un quart de lieue de là, sur une colline, leva sa trompe pour se préparer au combat.

» — Prrrou ! prrrou ! fit le capitaine Pamphile, comme s’il se fût agi de faire envoler une compagnie de perdreaux.