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rivant à Paris, n’était qu’un amateur de bon vin : Fau en avait fait un ivrogne ; ce n’était qu’un sybarite à la manière d’Alcibiade : Fau en avait fait un cynique de l’école de Diogène ; il n’était que recherché, comme Lucullus : Fau l’avait rendu gourmand comme Grimod de la Reynière. Il est vrai qu’il avait gagné à cette corruption morale une foule d’agréments physiques qui en faisaient un animal très-distingué. Il connaissait sa main droite de sa main gauche, faisait le mort pendant dix minutes, dansait sur la corde comme madame Saqui, allait à la chasse un fusil sous le bras et une carnassière sur le dos, montrait son port d’armes au garde champêtre et son derrière aux gendarmes. Bref, c’était un charmant mauvais sujet, qui n’avait eu que le tort de naître sous la Restauration au lieu de naître sous la Régence.

Aussi, Fau frappait-il à la porte de la rue, Jacques tressaillait ; montait-il l’escalier, Jacques le sentait venir. Alors il jetait de petits cris de joie, sautait sur ses pattes de derrière comme un kanguroo ; et, quand Fau ouvrait la porte, il s’élançait dans ses bras, comme on le fait encore au Théâtre-Français dans le drame des Deux Frères. Bref, tout ce qui était à Jacques était à Fau, et il se serait ôté la brioche de la bouche pour la lui offrir.

— Messieurs, dit Jadin, si vous voulez vous asseoir et allumer les pipes et les cigares, je suis prêt.

Chacun obéit. Jadin toussa, ouvrit le manuscrit, et lut ce qui suit :