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Chacun s’inclina en signe de consentement ; une ou deux personnes battirent même des mains.

— Jacques, mon ami, dit Fau, lequel, en sa qualité de précepteur, était celui de nous tous qui était le plus intime avec le héros de cette histoire, vous voyez qu’on parle de vous : venez ici.

Et, immédiatement après ces deux mots, il fit entendre un sifflement particulier si connu de Jacques, que l’intelligent animal ne fit qu’un bond de sa planche sur l’épaule de celui qui lui adressait la parole.

— Bien, Jacques ; c’est très-beau d’être obéissant, surtout lorsqu’on a ses bajoues pleines de brioches. Saluez ces messieurs.

Jacques porta la main à son front à la manière des militaires.

— Et, si votre ami Jadin, qui va lire votre histoire, tenait sur votre compte quelques propos calomnieux, dites-lui que c’est un menteur.

Jacques hocha la tête de haut en bas, en signe d’intelligence parfaite.

C’est que Jacques et Fau étaient véritablement liés d’une amitié harmonique. C’était, de la part de l’animal surtout, une affection comme on n’en trouve plus chez les hommes ; et à quoi cela tenait-il ? Il faut l’avouer, à la honte de l’espèce simiane, ce n’était pas en ornant son esprit comme Fénelon avait fait pour le grand dauphin, c’était en flattant ses vices, comme l’avait fait Catherine à l’égard de Henri III, que le précepteur avait acquis sur l’élève cette déplorable influence. Ainsi Jacques, en ar-