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sier, et en tira trois plumes de la queue de l’alouette. Quant au corps, il n’y fallait plus penser.

Le propriétaire de l’alouette chercha dans sa poche un couteau pour éventrer Love, et rentrer par ce moyen en possession de son gibier ; mais, malheureusement pour lui, et heureusement pour Love, il avait prêté le sien, la veille au soir, à sa femme pour tailler d’avance les brochettes qui devaient enfiler ses perdrix, et sa femme avait oublié de le lui rendre. Forcé, en conséquence, de recourir à des moyens de punition moins violents, il donna à Love un coup de pied à enfoncer une porte cochère, mit soigneusement dans sa carnassière les trois plumes qu’il avait sauvées, et cria de toutes ses forces à Alexandre :

— Vous pouvez être tranquille, mon cher ami, jamais je ne chasserai avec vous, à l’avenir. Votre gredin de Love vient de me dévorer une caille superbe ! Ah ! reviens-y, drôle !…

Love n’avait garde d’y revenir. Il se sauvait, au contraire, tant qu’il avait de jambes, du côté de son maître ; ce qui prouvait qu’à tout prendre, il aimait encore mieux les coups d’échalas que les coups de pied.

Cependant l’alouette avait mis Love en appétit, et, comme il voyait de temps en temps se lever devant lui des individus qui paraissaient appartenir à la même espèce, il se prit à courir en tous sens dans l’espoir, sans doute, qu’il finirait par rencontrer une seconde aubaine pareille à la première.

Alexandre le suivait à grand’ peine et se damnait en le suivant : c’est que Love quêtait d’une manière toute