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En sortant, deux mendiants sautent à la gorge de votre cheval. L’un secoue une escarcelle et demanda ;

— Pour la Madone.

La Madone, honni soit qui mal y pense ! est logée dans cet ancien temple de Priape d’où sortent les deux harpies immortalisées par Pétrone.

L’autre est là pour vous montrer, bon gré mal gré, le tombeau de Virgile, qui n’est peut-être pas plus le tombeau de Virgile que l’écueil de Virgile n’est l’école de Virgile.

Vous faites l’aumône à la Madone, vous montez pour la quatrième ou cinquième fois au tombeau de Virgile. C’est un assez grand poëte pour qu’on renouvelle plusieurs fois le pèlerinage que l’on a fait à ses cendres.

Vous repassez à travers vos bouquetiers, à travers vos mendiants, et vous rentrez à votre hôtel, brisé, moulu, anéanti, paralysé, perclus, mort, assassiné.

Assassiné par quoi ? — Par la mendicité.

Alors il n’y a plus pour vous ni mer limpide, ni atmosphère transparente, ni ciel azuré ; il n’y a plus pour vous ni Vésuve, ni Pompéi, ni Castellamare ni Sorrente, ni Capri ; il n’y a plus pour vous ni Chiaïa, ni Pausilippe, ni Mergellina, ni golfe de Pouzzoles, ni baie de Baïa ; il n’y a plus pour vous qu’une ombre, qu’un spectre, qu’un fantôme, qu’une larve, qu’une furie, qu’une mégère, qu’une harpie : la mendicité ! Et vous vous dites :

— Oui, je m’en irai ; oui, je partirai ; oui, je m’enfuirai ! J’aime mieux les glaces de la Sibérie, j’aime mieux