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crosse et aux capucines d’argent, a été rapporté de la Casaubah par Isabey peut-être, qui l’aura troqué avec Yousouf contre un croquis de la rade d’Alger ou un dessin du fort l’Empereur.

Maintenant que nous avons examiné, les uns après les autres, ces trophées dont chacun représente un monde, jetez les yeux sur ces tables où sont épars, pêle-mêle, mille objets différents, étonnés de se trouver réunis. Voici des porcelaines du Japon, des figurines égyptiennes, des couteaux espagnols, des poignards turcs, des stylets italiens, des pantoufles algériennes, des calottes de Circassie, des idoles du Gange, des cristaux des Alpes. Regardez : il y en a pour un jour.

Sous vos pieds, ce sont des peaux de tigre, de lion, de léopard, enlevées à l’Asie et à l’Afrique ; sur vos têtes, les ailes étendues et comme douées de la vie, voilà le goëland, qui, au moment où la vague se courbe pour retomber, passe sous sa voûte comme sous une arche ; le margat, qui, lorsqu’il voit apparaître un poisson à la surface de l’eau, plie ses ailes et se laisse tomber sur lui comme une pierre ; le guillemot, qui, au moment où le fusil du chasseur se dirige contre lui, plonge, pour ne reparaître qu’à une distance qui le met hors de sa portée ; enfin le martin-pêcheur, cet alcyon des anciens, sur le plumage duquel étincellent les couleurs les plus vives de l’aigue-marine et du lapis-lazuli.

Mais ce qui, un soir de réception chez un peintre, est surtout digne de fixer l’attention d’un amateur, c’est la collection hétérogène de pipes toutes bourrées qui atten-