Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peintre, lorsqu’il a coquettement pendu à ses quatre murailles, pour faire honneur aux invités, ses joyaux des grands jours, fournis par les quatre parties du monde. Vous croyez entrer dans la demeure d’un artiste, et vous vous trouvez au milieu d’un musée qui ferait honneur à plus d’une ville préfectorale de France. Ces armures, qui représentent l’Europe au moyen âge, datent de divers règnes et trahissent, par leur forme, l’époque de leur fabrication. Celle-ci, brunie sur les deux côtés de la poitrine, avec son arête aiguë et brillante et son crucifix gravé, aux pieds duquel est une Vierge en prière avec cette légende : Mater Dei, ora pro nobis, a été forgée en France et offerte au roi Louis XI, qui la fit appendre aux murs de son vieux château de Plessis-les-Tours. Celle-là, dont la poitrine bombée porte encore la marque des coups de masse dont elle a garanti son maître, a été bosselée dans les tournois de l’empereur Maximilien, et nous arrive d’Allemagne. Cette autre, qui représente en relief les robustes travaux d’Hercule, a peut-être été portée par le roi François Ier, et sort certainement des ateliers florentins de Benvenuto Cellini. Ce tomahawk canadien et ce couteau à scalper viennent d’Amérique : l’un a brisé des têtes françaises et l’autre enlevé des chevelures parfumées. Ces flèches et ce krid sont indiens ; le fer des unes et la lame de l’autre sont mortels, car ils ont été empoisonnés dans le suc des herbes de Java. Ce sabre recourbé a été trempé à Damas. Ce yatagan, qui porte sur sa lame autant de crans qu’il a coupé de têtes, a été arraché aux mains mourantes d’un Bédouin. Enfin, ce long fusil à la