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Il est probable qu’en sortant de l’hôtel, en traversant cette armée de mendiants, qui n’aura fait qu’augmenter de jour en jour et qui, maintenant, murmure quand on ne lui donne pas assez, menace quand on ne lui donne pas du tout, il est probable, dis-je, que vous criez à votre cocher de toutes les forces de vos poumons :

— En avant ! en avant !

Vous avez renoncé à l’italien ; vous avez proclamé bien haut votre ignorance de la langue ; à tout ce que l’on vous a dit de paroles mendiantes, vous avez répondu avec un accent féroce : Non capisco ! C’est votre seconde manière.

À Naples, l’étranger a trois manières, comme Raphaël.

D’abord il donne aux douaniers, aux sentinelles, aux faquins, aux cochers de fiacre, aux mendiants. Première manière.

Ensuite, il répond à toute voix qui l’implore, à toute main qui se tend vers lui, à tout chapeau qui le poursuit, à toute tire-lire qui sonne : Non capisco ! Seconde manière.

Enfin, il jure, tempête, tonne, lâche tous les gros mots qu’il sait, finit par emprunter le fouet du cocher et frappe. Troisième manière.

Vous, mon cher touriste ! — Permettez-moi de vous appeler mon cher : nous nous connaissons depuis dix jours ; à Naples, au bout de dix jours, on ne s’invite pas à dîner, on ne s’invite jamais à dîner, à Naples, mais on se tutoie.

— Vous, mon cher touriste, disais-je, vous n’en êtes encore qu’à votre seconde manière. Vous vous contentez