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con et vous répétez les paroles sacramentelles, traditionnelles, séculaires : Voir Naples et mourir !

Pauvre touriste, tu me fais peine !

Pardon, cher voyageur, je m’aperçois que je vous tutoie, et je ne vous connais pas. Il faut me pardonner : c’est l’amour de mon prochain qui m’a entraîné ; c’est la pitié pour votre innocence qui m’a fait commettre cette indiscrétion.

Vous êtes donc à votre balcon, regardant le ciel, regardant la mer, regardant le Vésuve, regardant les maisons de Castellamare qui brillent au bord de l’eau, et celles de Sorrente qui blanchissent au milieu des orangers ; Capri vous fixe l’œil un instant : vous pensez à Tibère, à Hudson Lowe, au général Lamarque, à la grotte d’azur, quand tout à coup, au-dessous de vous, dans les profondeurs de la rue, vous entendez un murmure qui n’est ni celui du ruisseau roulant sur les cailloux, ni celui du vent agité par les feuilles ; ce murmure a quelque chose de monotone, de nasillard et de plaintif que vous n’avez entendu nulle part. Vous baissez les yeux et vous voyez une dizaine de pauvres vous tendant, qui un moignon de bras, qui un reste de jambe, qui un débris de chapeau.

Ce murmure est une prière dans laquelle vous êtes appelé excellence, et prié de donner un grain.

C’est la première fois qu’on vous appelle excellence, le titre flatte votre amour-propre, vous pensez que la politesse vaut bien deux grains.

Vous jetez une pièce blanche de dix grains, en criant :