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blesse personnelle et de la noblesse héréditaire. Un monsieur, qui avait déjà l’Éperon d’or et l’ordre d’Hohenlohe, lui fit même des propositions pour acheter l’Étoile de l’équateur, qu’il avait fondée pour récompenser le mérite civil et le courage militaire ; mais le cacique répondit que, sur ce point seulement, il s’écarterait de l’exemple donné par les gouvernements européens, et qu’il faudrait gagner sa croix pour l’obtenir. Malgré ce refus, qui lui fit, au reste, le plus grand honneur dans l’esprit des radicaux anglais, le cacique encaissa dans son mois une recette de soixante mille livres sterling.

Vers ce temps, et après un dîner à la cour, le cacique se hasarda à parler d’un emprunt de quatre millions. Le banquier de la couronne, qui était un juif prêtant de l’argent à tous les souverains, sourit de pitié à cette demande et répondit au cacique qu’il ne trouverait pas à emprunter moins de douze millions, toute affaire commerciale au-dessous de ce chiffre étant abandonnée aux carotteurs et aux courtiers marrons. Le cacique répondit que ce n’était pas cela qui empêcherait la chose de se faire, et que, quant à lui, il prendrait aussi bien douze millions que quatre. Le banquier lui dit alors de passer dans son bureau, et qu’il y trouverait son commis qui était chargé des emprunts au-dessous de cinquante millions ; qu’il aurait reçu des ordres, et qu’il pourrait traiter avec ce jeune homme ; que, quant à lui, il ne s’occupait que des spéculations qui dépassaient un milliard.

Le lendemain, le cacique passa au bureau du banquier ; tout avait été préparé comme celui-ci l’avait dit. L’emprunt