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chetée par les connaissances diverses qu’ils possédaient, et qui sont quelques fois parfaitement étrangères aux agents des nations les plus civilisées.

Par exemple, le lord chancelier étant revenu, un soir, très-enroué d’une séance de la chambre basse, où il avait été obligé de discuter contre O’Connell un nouveau projet d’impôts sur l’Irlande, le consul de Londres, qui se trouvait là par hasard à son retour, demanda à milady un jaune d’œuf, un citron, un petit verre de rhum et quelques clous de girofle, prépara de ses propres mains une boisson agréable au goût et fort en usage, dit-il, à Comayagua pour ces sortes d’indispositions, boisson qu’ayant avalé de confiance le lord chancelier, il se trouva radicalement guéri le lendemain. Cette aventure fit, du reste, tant de bruit dans le monde diplomatique, que, depuis ce temps, on n’appelle plus le consul de Londres que le docteur.

Une autre chose, non moins extraordinaire, arriva à M. le consul d’Édimbourg, sir Édouard Twomouth[1]. Un jour que l’on causait chez le ministre de l’instruction publique des différents mets des différentes nations, sir Édouard Twomouth déploya une si vaste connaissance de la matière, depuis la carrick à l’indienne, fort en usage à Calcutta, jusqu’au pâté de bosse de bison, si généralement apprécié à Philadelphie, qu’il en fit venir l’eau à la bouche à toute l’honorable assemblée ; ce que voyant le consul, il offrit avec une obligeance sans égale à M. le

  1. En mosquitos, Duas-Boccas ; en français, Double-Bouche.