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luait de vingt coups de canon la forteresse de Portsmouth, qui lui rendait sa politesse par un nombre de coups égal !

C’était le Soliman, navire fin voilier, détaché de la nombreuse marine militaire du cacique des Mosquitos, et qui amenait à Londres et à Édimbourg les consuls de Son Altesse, lesquels venaient, munis de l’acte de cession fait par le gouvernement anglais à leur maître, se faire reconnaître de Sa Majesté Guillaume IV.

La curiosité avait été grande dès qu’on avait signalé dans la rade de Portsmouth un pavillon inconnu ; mais cette curiosité augmenta encore lorsque l’on sut quels importants personnages il annonçait. Chacun se précipita aussitôt sur le port pour voir descendre les deux illustres envoyés du nouveau souverain que la Grande-Bretagne venait de ranger au nombre de ses vassaux. Il semblait aux Anglais, si avides de choses nouvelles, que les deux consuls devaient avoir quelque chose d’étrange, et qui sentît l’état sauvage dont allait les tirer le bienfaisant patronage de l’Angleterre. Mais, sur ce point, les prévisions des curieux furent complètement trompées : la chaloupe mit à terre deux hommes, dont l’un, déjà âgé de cinquante à cinquante-cinq ans, court, replet et haut en couleur, était le consul d’Angleterre ; l’autre, âgé de vingt-deux à vingt-trois ans, grand et sec, était le consul d’Édimbourg ; tous deux étaient revêtus d’un uniforme de fantaisie qui tenait le milieu entre le costume militaire et l’habit civil. Au reste, leur teint bruni par le soleil, leur accent méridional fortement accentué, indiquaient