en tirant une gourde de sa poche, et, quand le biberon sera vide, on le remplira.
Le Serpent-Noir prit la gourde, la porta à sa bouche, et, de la première gorgée, en but à peu près le tiers.
Le capitaine la prit ensuite, la secoua pour en calculer à peu près le déficit, et, la portant à ses lèvres, il lui donna une accolade qui ne le cédait en rien à celle de son convive. Celui-ci voulut la reprendre à son tour.
— Un instant, dit le capitaine en plaçant entre ses jambes la gourde vide aux deux tiers ; causons un peu de ce qui s’est passé depuis que nous nous sommes vus.
— Que désire savoir mon frère ? demanda le chef.
— Ton frère désire savoir, reprit le capitaine Pamphile, si tu es venu ici par mer ou par terre.
— Par mer, répondit laconiquement le Huron.
— Et qui t’y a conduit ?
— Le chef des habits rouges.
— Que le Serpent-Noir délie sa langue et raconte son histoire à son frère le visage pâle, reprit le capitaine Pamphile en présentant de nouveau la gourde au Huron, qui la vida d’un trait.
— Mon frère écoute-t-il ? demanda le chef, dont les yeux commençaient à s’animer.
— Il écoute, répondit le capitaine employant pour la réponse le même laconisme qui avait dicté la demande.
— Quand mon frère m’eut quitté au milieu de la tempête, dit le chef, le Serpent-Noir continua de remonter le fleuve aux grandes eaux, non plus dans sa barque, qui