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attention ; il lui semblait que cette figure ne lui était pas inconnue, et que ce n’était pas la première fois qu’il avait l’honneur de la contempler. De son côté, le sauvage semblait faire des réflexions à peu près pareilles, et le capitaine paraissait éveiller aussi dans sa mémoire quelques souvenirs confus et incertains ; enfin, comme ils ne pouvaient se regarder éternellement, ils se remirent en route ; puis, arrivés à dix pas l’un de l’autre, ils s’arrêtèrent de nouveau en poussant chacun une exclamation de surprise.

— Heng ! dit gravement le Mosquitos.

— Sacredié ! s’écria en riant le capitaine.

— Le Serpent-Noir est un grand chef ! continua le Huron.

— Pamphile est un grand capitaine ! reprit le marin.

— Que vient chercher le capitaine Pamphile sur les terres du Serpent-Noir ?

— Deux misérables baguettes de saule, l’une pour faire un mât de perroquet et l’autre pour faire un boute-hors de clin-foc.

— Et que donnera en échange le capitaine Pamphile au Serpent-Noir ?

— Une bouteille d’eau-de-feu.

— Le capitaine Pamphile est le bien venu, dit le Huron après un moment de silence en tendant la main en signe d’adhésion.

Le capitaine prit la main du chef et la lui serra de manière à la lui broyer en signe que c’était un marché fait. Le Serpent-Noir supporta la torture en véritable Indien,