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Comme j’étais un des bons amis de Jacques, et que je ne me présentais jamais à l’atelier sans lui apporter quelques friandises, dès que Jacques m’aperçut, il accourut à moi pour s’assurer que je ne perdais pas mes bonnes habitudes ; or, la première chose qui me frappa, en offrant à Jacques un cigare de la Havane dont il était fort friand — non pas pour le fumer à la manière de nos élégants, mais pour le chiquer tout bonnement, à l’imitation des matelots de la Roxelane ; la première chose, dis-je, qui me frappa, fut cette queue fantastique que je ne lui avais jamais connue ; puis, ensuite, ce tremblement nerveux, cette agitation fébrile que je n’avais point encore remarqués en lui. Tony me donna l’explication du premier phénomène, mais il était aussi ignorant que moi sur le second ; il se proposait d’envoyer chercher Thierry pour le consulter à ce sujet.

Je le quittai en l’affermissant dans cette bonne intention, lorsqu’en traversant la chambre à coucher je fus frappé de l’odeur sauvagine que l’on y respirait. J’en demandai la cause à Tony, qui me montra les deux peaux de lion. Tout me fut expliqué par ce seul geste : il était évident que c’étaient ces peaux de lion qui tourmentaient Jacques. Tony n’en voulait rien croire, et, comme il continuait de penser que Jacques était sérieusement indisposé, je lui proposai de tenter une expérience qui lui démontrerait jusqu’à l’évidence que, si Jacques était malade, c’était de peur. Cette expérience était des plus simples et des plus faciles à exécuter ; elle consistait purement et simplement à appeler ses deux rapins, qui profitaient de