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gnant maussadement de ce que son calorifère se refroidissait.

Le lendemain, Michette était morte, et Jacques avait la queue gelée[1].

Ce jour-là, ce fut Tony qui, inquiet du froid croissant de la nuit, alla visiter en se réveillant ses deux prisonniers. Il trouva Jacques victime de son égoïsme et enchaîné à un cadavre ; il prit la morte et le vivant, à peu près aussi immobiles, aussi froids l’un que l’autre, et les transporta dans son atelier. Il n’y avait pas de redoublement de chaleur capable de réchauffer Michette ; quant à Jacques, comme il n’était qu’engourdi, peu à peu le mouvement lui revint dans tout le corps, excepté vers la région de la queue, qui demeura gelée, et qui, ayant été gelée pendant qu’elle était roulée en spirale autour de celle de Michette, conserva la forme d’un tire-bouchon, forme inouïe et inusitée jusqu’à ce jour dans l’espèce simiane, et qui donna dès lors à Jacques la tournure la plus fabuleusement chimérique qui se puisse imaginer.

Trois jours après, le dégel arriva ; or, le dégel amena un événement que nous ne pouvons passer sous silence, non pas à cause de son importance elle-même, mais à cause des suites désastreuses qu’il eut pour la queue de

  1. Les différentes moralités de notre histoire ressortant d’elles-mêmes, nous ne croyons pas nécessaire de les développer à nos lecteurs autrement que par le récit pur et simple des évènements ; car ce serait leur ôter l’occasion de méditer sur les châtiments que s’attirent toujours l’égoïsme et la gourmandise.