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ont remarquée chez les chattes de bonne maison.

D’abord, préoccupé de l’aspect des comestibles, Jacques l’avait regardée faire ; puis, comme Michette, en chatte bien élevée, avait laissé de la pâtée au lait dans son assiette, Jacques était venu derrière elle, l’avait goûtée, et, la trouvant excellente avait achevé le plat. À dîner, il avait fait la même expérience et, trouvant la pâtée à la viande également à son goût, il avait, toujours chaudement accolé à Michette, passé la nuit à se demander pourquoi on lui donnait, à lui, commensal de la maison, des carottes, des noix, des pommes de terre et autres légumes crus, qui lui agaçaient les dents, tandis qu’on offrait à une étrangère tout ce qu’il y avait de plus velouté et de plus délicat en pâtée.

Le résultat de cette veille fut que Jacques trouva la conduite de Tony souverainement injuste et résolut de rétablir les choses dans leur ordre naturel en mangeant la pâtée, et en laissant à Michette les carottes, les noix et les pommes de terre.

En conséquence, le lendemain matin, au moment où la femme de charge venait de servir le double déjeuner de Jacques et de Michette, et où Michette s’approchait en ronronnant de sa soucoupe, Jacques la prit sous son bras, la tête tournée du côté opposé à la soucoupe, et la maintint dans cette position tout le temps qu’il y resta quelque chose à manger ; puis, la pâtée achevée, et Jacques satisfait de son repas, il lâcha Michette, la laissant libre de déjeuner à son tour avec les légumes ; Michette alla flairer successivement carottes, noix et pommes de terre ; puis,