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nière fonction lorsque les deux docteurs entrèrent : l’art avait fait son œuvre, la science demandait à commencer la sienne. Jadin seul eut le courage de rester à cette seconde opération ; Fau, Alexandre et Eugène Decamps se retirèrent, ne pouvant prendre sur eux d’assister à ce triste spectacle.

Autopsie faite, on trouva le péritoine fortement enflammé, présentant çà et là de légères taches blanches, puis épanchement d’un liquide séroso-sanguinolent ; tout cela était l’effet et non la cause. Les deux docteurs poursuivirent donc leur investigation ; enfin, vers le milieu à peu près de l’intestin grêle, ils découvrirent une légère ulcération livrant passage à la pointe d’une épingle, dont la tête était restée cachée dans l’intestin ; ils se rappelèrent alors la fatale circonstance du papillon, et tout leur fut expliqué. La mort était donc inévitable, et les deux docteurs eurent la consolation de voir que, bien qu’ils eussent commis une légère erreur sur la cause de la maladie, celle de Jacques était mortelle, et que toutes les ressources de l’art ne pouvaient le sauver de l’accident causé par sa gourmandise.

Quant à Fau, à Alexandre et à Eugène Decamps, ils remontaient fort tristes l’escalier du n° 109, lorsque, arrivés au second étage, ils commencèrent à sentir une odeur de friture singulière ; à mesure qu’ils montaient, l’odeur devenait plus forte, et, parvenus au palier de leur appartement, ils s’aperçurent que cette exhalaison venait de chez eux : ils ouvrirent la porte avec empressement, car, n’ayant pas laissé la cuisinière au logis, ils ne pouvaient