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provisions diminuait et laissa bientôt place dans les poches pour introduire de nouvelles pralines. Jacques étendit la main ; Fau comprit Jacques, lui présenta une pleine poignée de dragées parmi lesquelles le malade choisit celles qu’il trouvait le plus à sa convenance, et les poches reprirent une rotondité tout à fait respectable ; quant à Fau, il retrouva quelque espoir à ce désir, car, ayant vu les poches diminuer, il avait attribué à la mastication le phénomène de la fusion, et en avait auguré un mieux sensible dans l’état du malade, qui mangeait maintenant et qui tout à l’heure ne pouvait même pas boire.

Malheureusement, Fau se trompait : vers les sept heures du matin, les accidents cérébraux devinrent effrayants ; c’est ce qu’avait prévu Thierry ; car, lorsqu’il entra, il ne s’informa point comment allait Jacques, mais demanda si Jacques était mort. Sur la réponse négative, il parut fort étonné, et entra dans la chambre où étaient déjà réunis Fau, Jadin, Alexandre et Eugène Decamps : le malade était à l’agonie. Alors, ne pouvant plus rien pour le sauver, et voyant que dans les deux heures il aurait cessé d’exister, il envoya le domestique chez Tony Johannot avec injonction de ramener Jacques II, afin que Jacques Ier mourant entre les bras d’un individu de son espèce, pût au moins lui communiquer ses suprêmes volontés et ses derniers désirs.

Le spectacle était déchirant ; tout le monde aimait Jacques, qui, à part les défauts inhérents à son espèce, était ce qu’on appelle entre garçons un bon vivant : il n’y avait que Gazelle qui, comme pour insulter au moribond, était