Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment dans les intentions du capitaine ; il repoussa dans sa ceinture son pistolet, qu’il en avait déjà à moitié tiré, s’approcha lentement et silencieusement de Policar, s’arrêtant à chaque pas, et retenant son souffle, afin de ne pas le distraire ; puis enfin, lorsqu’il se trouva à portée, instruit par la manœuvre dont lui-même avait été victime en pareille circonstance, il saisit Policar d’une main par le collet de l’habit, de l’autre par le fond de la culotte, opéra le même mouvement de bascule qu’il avait senti exécuter sur lui-même, et l’envoya, avant qu’il eût eu temps de faire la moindre résistance ou de pousser le plus petit cri, examiner de plus près l’objet qu’il regardait avec une si grande attention.

Alors, voyant que l’événement qui venait de s’accomplir n’avait troublé en rien le sommeil de l’équipage, et que la Roxelane continuait de filer ses dix nœuds à l’heure, le capitaine se coucha tranquillement dans son hamac, dont il sentit d’autant mieux le prix, qu’il en avait été momentanément dépossédé, et s’y endormit bientôt du sommeil du juste.

Or, ce que Policar regardait avec une si grande attention, c’était un requin affamé qui suivait le sillage du vaisseau, dans l’espérance qu’il en tomberait quelque chose.

Le lendemain, au point du jour, le capitaine Pamphile se leva, alluma son brûle-gueule et monta sur le pont. Le matelot qui était de quart, et qui se promenait de long en large pour combattre le froid du matin, vit sortir successivement sa tête, ses épaules, sa poitrine et ses jam-