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médiatement en possession de l’animal. Quant au capitaine Pamphile, il sortit au premier exercice de la seconde représentation, sans que personne fît attention à lui, sans qu’aucun des matelots eût conçu le moindre soupçon.

Nos lecteurs sont trop intelligents pour n’avoir pas deviné la cause de la disparition du capitaine Pamphile ; cependant, comme quelques-uns pourraient n’être pas certains du fait, nous donnerons une explication courte et précise à l’usage des esprits paresseux ou ennemis des conjectures.

Le capitaine Pamphile n’avait point perdu son temps ; une fois entré dans la taverne, il avait suivi d’un œil les exercices de son ours, et, de l’autre, il avait compté les matelots ; tous étaient au cabaret depuis le premier jusqu’au dernier ; il était donc évident que pas un n’était à bord. Double-Bouche seul manquait à la réunion ; le capitaine Pamphile en augura qu’on l’avait laissé sur la Roxelane, de peur qu’il ne prît au bâtiment l’envie de retourner tout seul à Marseille. En conséquence de ce raisonnement tout mathématique, le capitaine Pamphile se dirigea vers la rade, en suivant Water-Street, qui se prolonge parallèlement aux quais.

Arrivé sur le port, il jeta un coup d’œil rapide sur tous les bâtiments au mouillage, et, malgré l’obscurité, il reconnut à cinq cents pas de lui la Roxelane, qui se balançait gracieusement, bercée par la marée montante. Au reste, pas une lumière à bord, rien qui indiquât que le bâtiment fût habité : le capitaine Pamphile