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page de la Roxelane mangeait son chargement à Philadelphie.

Le capitaine Pamphile n’hésita pas un instant sur le parti qui lui restait à prendre ; grâce au barbier et au peintre du Serpent-Noir, il était déguisé de manière à ne pas être reconnu de son meilleur ami ; il ouvrit hardiment la porte de la taverne et entra avec son ours. Un hourra général accueillit les nouveaux venus.

Un doute restait au capitaine Pamphile : il avait oublié de faire faire une répétition à son ours, de sorte qu’il ignorait absolument ce dont il était capable ; mais l’intelligent animal se chargea lui-même de son prospectus. À peine entré dans le cabaret, il commença de trotter en rond pour faire former le cercle ; les matelots montèrent sur les chaises et sur les bancs ; Policar s’assit sur le poêle, et le spectacle commença.

Tout ce qu’il est possible d’apprendre à un ours, l’ours du capitaine Pamphile le savait ; il dansait le menuet comme Vestris, montait à cheval sur un manche à balai ni plus ni moins qu’un sorcier, et désignait le plus ivrogne de la compagnie, à rendre jaloux l’âne savant ; aussi, la séance terminée, il n’y eut qu’un cri tellement unanime, que Policar déclara que, quelque prix que le maître de l’ours demandât de son élève, il le lui achetait pour en faire cadeau à l’équipage ; cette décision fut accueillie par un vivat général. L’offre fut donc renouvelée d’une manière formelle ; le capitaine Pamphile demanda dix écus de sa bête. Policar, qui était en générosité, lui en offrit quinze ; moyennant quoi, il entra im-