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bière et faisant le moulinet avec son bâton, lorsque le même objet s’offrit de nouveau à ses yeux, rapproché de quelques centaines de pas ; cette fois, le capitaine était, de la part du nouveau personnage que nous introduisons sur la scène, l’objet du même examen que celui-ci était occupé à faire ; le capitaine Pamphile se fit une espèce de longue-vue avec sa main, regarda un instant à travers le tube improvisé et reconnut que c’était un nègre.

Cette rencontre tombait d’autant mieux que le capitaine Pamphile, peu curieux de passer une troisième nuit pareille aux deux nuits précédentes, comptait lui demander des renseignements sur la couchée : il doubla donc le pas, regrettant que les ondulations du terrain le forçassent de perdre de nouveau de vue celui qui pouvait lui donner de si précieux renseignements, mais qu’il espérait retrouver sur la cime d’un petit monticule qui formait à peu près le milieu du chemin à parcourir. Le capitaine Pamphile ne s’était pas trompé dans ses calculs stratégiques : au sommet de la montagne, il se trouva face à face avec ce qu’il cherchait ; seulement, la couleur avait trompé le capitaine : ce n’était pas un nègre, c’était un ours.

Le capitaine Pamphile mesura du premier coup d’œil l’étendue du danger qui le menaçait ; mais nous n’apprendrons rien de nouveau à nos lecteurs en leur disant que, en pareil cas, le digne marin était homme de ressource : il jeta un regard autour de lui pour examiner la topographie du terrain, et vit qu’il n’y avait pas moyen d’éviter l’animal. À gauche, le fleuve encaissé dans ses ri-