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gnes, il verra Philadelphie. Maintenant, que le Grand Esprit garde mon frère !

Le capitaine Pamphile chercha ce qu’il pouvait donner au sauvage pour le récompenser du dévouement qu’il lui avait montré ; et, ne possédant rien que sa montre, il s’apprêta à la détacher, mais son compagnon l’arrêta.

— Mon frère ne me doit rien, dit-il : après un combat avec les Hurons, le jeune élan fut fait prisonnier et emmené sur les bords du lac Supérieur. Il était déjà attaché au poteau : les hommes apprêtaient leurs couteaux à scalper, et les femmes et les enfants dansaient autour de lui en chantant la chanson de mort, lorsque des soldats qui étaient nés comme mon frère de l’autre côté de la rivière salée dispersèrent les Hurons et délivrèrent le jeune élan. Je leur devais ma vie, j’ai sauvé la tienne. Lorsque tu rencontreras ces soldats, tu leur diras que nous sommes quittes.

À ces mots, le jeune sauvage s’enfonça dans la forêt ; le capitaine Pamphile le suivit des yeux tant qu’il pût le voir ; puis, lorsqu’il eut disparu, notre digne marin cassa un jeune ébénier, qui pouvait lui servir à la fois de canne et de défense, et commença à escalader la montagne.

Le jeune élan n’avait point menti : arrivé au sommet il aperçut Philadelphie s’élevant, pareille à une reine, entre les eaux vertes de la Delawarre et les flots bleus de l’Océan.