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lieue à la ronde, s’étendant d’un côté sur l’immense steppe de verdure, plongeant de l’autre sous le dôme sombre de la forêt ; enfin, la chaleur devint si violente, que la vieille, quoiqu’à dix pas de l’incendie, poussa des cris de douleur. Tout à coup le toit s’abîma, une colonne de flammes s’éleva, comme lancée par le cratère d’un volcan, poussant au ciel des milliers d’étincelles ; puis successivement chaque paroi s’abattit, et, à chaque chute, le foyer diminua de chaleur et de lumière. L’obscurité reconquit peu à peu le terrain qu’elle avait perdu ; enfin il ne resta bientôt de la hutte maudite qu’un amas de charbons brûlants amoncelés sur les cadavres des meurtriers.

Alors le sauvage cessa sa danse et ses chants, alluma à sa torche une seconde branche de sapin, et la présenta au capitaine.

— Maintenant, dit-il, de quel côté va mon frère ?

— À Philadelphie, répondit le capitaine.

— Eh bien, que mon frère me suive, et je vais lui servir de guide jusqu’à ce qu’il ait atteint l’autre côté de la forêt.

À ces mots, le jeune Sioux s’enfonça dans les profondeurs du bois, laissant la vieille à moitié brûlée près des débris fumants de sa cabane.

Le capitaine Pamphile jeta un dernier regard sur cette scène de désolation et suivit son jeune et courageux compagnon de voyage. Au point du jour, ils arrivèrent à la lisière de la forêt et au pied des montagnes ; là, le Sioux s’arrêta.

— Mon frère est arrivé, dit-il ; du haut de ces monta-