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diatement vers l’Indien, mais son frère lui fit signe d’attendre qu’il se fût armé à son tour. En effet, il s’approcha de la muraille sur la pointe du pied et détacha le couteau ; alors ils échangèrent un dernier regard d’intelligence, puis reportèrent les yeux sur leur mère comme pour l’interroger.

— Ils dorment, dit la vieille à voix basse, allez.

Les deux jeunes gens obéirent, s’approchant chacun de la victime qu’il avait choisie ; l’un leva le bras pour frapper l’Indien, l’autre se pencha pour poignarder le capitaine Pamphile.

Au même instant, les deux assassins reculèrent poussant chacun un cri : le capitaine avait plongé à l’un son couteau jusqu’au manche dans la poitrine, et le jeune Indien avait fendu la tête de l’autre avec son tomahawk. Tous deux restèrent encore debout un instant, oscillant sur leurs jambes comme s’ils étaient ivres, tandis que les voyageurs, d’un mouvement instinctif et spontané, s’étaient rapprochés l’un de l’autre ; puis les deux jeunes gens tombèrent, pareils à des arbres déracinés par une tempête. Alors la vieille poussa une imprécation et le jeune Sioux un cri de triomphe : puis, prenant la corde de son arc, il s’élança dans le second compartiment, en ressortit bientôt traînant la vieille par les cheveux, et, la tirant hors de la hutte, il alla la garrotter à un jeune bouleau distant de la cabane d’une dizaine de pas. Puis il rentra bondissant comme un tigre, ramassa le couteau que l’un des assassins avait laissé tomber, tâta de la pointe s’ils étaient encore vivants ; mais voyant que ni