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tout en faisant semblant de dormir, il s’était endormi réellement. Alors, tâchant d’imiter le modèle qu’il avait sous les yeux, il se retourna, comme agité par un de ces mouvements capricieux communiqués au corps endormi par le cerveau qui veille, et, de cette manière, au lieu d’avoir le visage tourné contre le mur, il se trouva en face de l’Indien.

Il demeura un instant immobile dans cette nouvelle position, puis il entr’ouvrit ses paupières : il vit alors le jeune Sioux dans la même position où il l’avait laissé ; seulement, sa tête n’était plus supportée que par sa main gauche ; l’autre était retombée pendante auprès de lui et reposait près de son tomahawk.

En ce moment, on entendit un léger bruit ; les doigts de l’Indien se crispèrent aussitôt autour du manche de sa massue, et le capitaine vit que, comme lui, il veillait et s’apprêtait à faire face au danger commun.

Bientôt la natte se souleva et donna passage aux deux jeunes gens, qui se glissèrent dessous, l’un après l’autre, rampant sans bruit comme des serpents, derrière eux et après eux apparut la tête de la vieille, dont le corps resta caché dans l’obscurité de l’autre chambre, et qui, pensant qu’il était inutile qu’elle prît part à la scène qui allait se passer, voulait du moins, si besoin était, exciter les assassins de la voix et du geste.

Les jeunes gens se relevèrent lentement en silence, et sans perdre de vue l’Indien et le capitaine Pamphile ; l’un d’eux tenait à la main une espèce de serpe recourbée et tranchante en dedans : il voulut s’avancer immé-