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La vieille continuait toujours son opération infernale ; cependant elle s’interrompit tout à coup et prêta l’oreille. Le bruit qu’elle avait entendu se renouvela plus rapproché ; elle se leva vivement comme si l’ardeur du meurtre eût rendu à ses membres toute leur souplesse, replaça le couteau à la muraille et alla de nouveau à la porte ; cette fois, ceux qu’elle attendait arrivaient sans doute, car elle leur fit de la main un geste silencieux de se presser, et rentra dans la hutte pour jeter encore un coup d’œil sur ses hôtes. Pas un d’eux n’avait fait un mouvement, et ils paraissaient toujours plongés dans le plus profond sommeil.

Presque aussitôt deux jeunes gens de haute taille et de forte stature parurent sur le seuil de la hutte : ils portaient sur leurs épaules un daim qu’ils venaient de tuer. Ils s’arrêtèrent pour regarder silencieusement et d’un air sinistre les hôtes qu’ils trouvaient dans leur chaumière ; puis l’un d’eux demanda en anglais à sa mère pourquoi elle avait reçu chez elle ces chiens de sauvages. La vieille lui fit signe du doigt de se taire : les chasseurs vinrent alors jeter le daim mort aux pieds du capitaine Pamphile. Ils disparurent derrière la natte ; la vieille les suivit, emportant la bouteille d’eau-de-vie d’érable à laquelle avait à peine touché son hôte, et la hutte ne se trouva plus occupée que par les deux dormeurs.

Le capitaine Pamphile resta un instant encore sans mouvement ; on entendait pour tout bruit la respiration calme et égale de l’Indien ; ce sommeil était si parfaitement simulé, que le capitaine Pamphile commença à croire que,