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leur envoyer ; en effet, une charmante brise soufflait depuis une heure des montagnes de Boston et de Portland, de sorte que toute la flottille s’était mise à l’eau, étendant sa queue en guise de voile, et traversait tranquillement le fleuve vent arrière, ne se servant de ses pattes qu’autant qu’il lui était strictement nécessaire pour se maintenir dans sa direction.

Comme les sauvages sont encore plus friands de la chair des écureuils que de celle des pigeons, l’équipage du canot s’apprêta aussitôt à donner la chasse aux émigrants ; le grand chef lui-même ne parut pas mépriser ce genre de délassement. En conséquence, il prit une sarbacane, ouvrit une petite boîte d’écorce de bouleau merveilleusement brodée avec des poils d’élan, et en tira une vingtaine de petites flèches longues de deux pouces à peine et minces comme des fils de fer, dont l’une des extrémités était armée d’une pointe et l’autre garnie de duvet de chardon de manière à remplir la capacité du tube au moyen duquel elle devait être lancée. Deux Indiens en firent autant, deux autres furent désignés comme rameurs. Quant au capitaine Pamphile, il eut, avec le dernier, la charge de ramasser les morts et d’extraire de leurs cadavres les petits instruments à l’aide desquels les Indiens comptaient les faire passer de vie à trépas. Au bout de dix minutes, la barque se trouva à portée et la chasse commença.

Le capitaine Pamphile était stupéfait, il n’avait jamais vu une adresse pareille ; à trente et quarante pas, les Indiens atteignaient l’animal qu’ils visaient, et presque tou-