Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le capitaine Pamphile parut donner une attention continue et accorder une admiration parfaite ; cependant ce double sentiment, si puissant qu’il parût, ne le détourna pas un instant de ses devoirs comme matelot ; de sorte que le Serpent-Noir, doublement flatté de son bon goût et de son bon service, lui passa, dans un moment de repos, une pipe toute bourrée, faveur que le capitaine Pamphile apprécia d’autant mieux, qu’il était privé de ce plaisir depuis le moment où Double-Bouche avait été rallumer son brûle-gueule éteint pendant la révolte de la Roxelane. Aussi s’inclina-t-il aussitôt en disant :

— Le Serpent-Noir est un grand chef !

Politesse à laquelle le Serpent-Noir répondit en disant à son tour :

— Le capitaine Pamphile est un fidèle serviteur.

La conversation en resta là, et chacun se mit à fumer.

Le soir, on aborda dans une île ; la cérémonie du souper se passa, comme d’habitude, à la satisfaction générale. Mais la nuit précédente ne laissait pas le capitaine Pamphile sans inquiétude sur la manière dont il pourrait combattre le froid, plus intense encore, on le sait, sur une île à fleur d’eau que sur un continent boisé, lorsqu’en déroulant sa peau de buffle, il y trouva une couverture de laine ; décidément, le Serpent-Noir était un assez bon diable de maître, et, si le capitaine Pamphile n’avait pas eu d’autres projets d’avenir, il serait probablement resté à son service ; mais, si bien qu’il se trouvât sur une île du fleuve Saint-Laurent, entre son matelas