Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gera par terre, allumera son feu quand il fera froid, chassera les mouches quand il fera chaud, et raccommodera ses mocassins quand ils seront usés ; en échange de quoi, le Serpent-Noir donnera au capitaine Pamphile les restes de son dîner et les vieilles peaux de castor dont il ne pourrait pas se servir.

— Ah ! ah ! fit le capitaine ; et, si ces conventions ne plaisent pas à Pamphile et que Pamphile les refuse ?

— Alors le Serpent-Noir enlèvera la chevelure de Pamphile et la pendra devant sa porte, avec celles de sept Anglais, de neuf Espagnols et de onze Français qui y sont déjà.

— C’est bien, dit le capitaine, qui vit qu’il n’était pas le plus fort : le Serpent Noir est un grand chef et Pamphile sera son serviteur.

À ces mots, le Serpent-Noir fit un signe à son équipage, qui débarqua à son tour sur la baleine et entoura le capitaine Pamphile. Le chef dit quelques mots à ses hommes, qui transportèrent aussitôt sur l’animal plusieurs petites caisses, un castor, deux ou trois oiseaux qu’ils avaient tués à coup de flèche, et tout ce qu’il fallait pour faire du feu. Alors le Serpent-Noir descendit dans la pirogue, prit une pagaie de chaque main, et se mit à ramer dans la direction de la terre.

Le capitaine était occupé à regarder avec la plus grande attention s’éloigner le grand chef, admirant avec quelle rapidité la petite barque glissait sur l’eau, lorsque trois Hurons s’approchèrent de lui ; l’un lui détacha sa cravate, l’autre lui enleva sa chemise et le troisième le débarrassa