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mais que cette sorte de nourriture, déjà exécrable étant fraîche, ne se bonifiait aucunement par la salaison. Le capitaine Pamphile répondit qu’il était bien désolé, mais qu’il avait justement, de la maison Beda et compagnie de Marseille, une commande de quarante-neuf tonneaux de morue salée, et qu’il ne pouvait manquer de parole à une si bonne pratique ; d’ailleurs, que, si son équipage voulait de la morue fraîche, il n’avait qu’à en pêcher, ce dont il était parfaitement libre, lui, capitaine Pamphile, ne s’y opposant aucunement.

Le docteur sortit.

Au bout de dix minutes, le capitaine Pamphile entendit un grand bruit sur la Roxelane.

Plusieurs voix disaient :

— Aux piques ! aux piques !

Et un matelot cria :

— Vive Policar ! à bas le capitaine Pamphile !

Le capitaine Pamphile pensa qu’il était temps de se montrer. Il se leva de table, passa une paire de pistolets à sa ceinture, alluma son brûle-gueule, ce qu’il ne faisait que dans les grandes tempêtes, prit une espèce de martinet d’honneur, confectionné avec un soin tout particulier, et duquel il ne se servait que dans les circonstances mémorables, et monta sur le pont. Il y avait émeute.

Le capitaine Pamphile s’avança au milieu de l’équipage, divisé par groupes, regardant à droite et à gauche pour voir s’il y aurait, parmi tous ces hommes, un insolent qui osât lui adresser la parole. Pour un étranger, le capitaine Pamphile aurait paru faire une ronde ordinaire ;