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réussite. Aussi revenait-il avec une cinquantaine, tout au plus, de tonneaux vides, lorsqu’en passant à la hauteur du banc de Terre-Neuve, le hasard fit qu’il rencontra un navire qui revenait de la pêche de la morue. Le capitaine Pamphile, tout en se livrant aux grandes spéculations, ne méprisait pas, comme nous l’avons vu, les petites. Il ne négligea donc point cette occasion de compléter son chargement. Les cinquante tonneaux vides passèrent à bord du bâtiment pêcheur, qui, en échange, se fit un plaisir d’envoyer au capitaine Pamphile cinquante tonneaux pleins. Policar fit observer que les tonneaux pleins portaient trois pouces de hauteur de moins que les tonneaux vides ; mais le capitaine Pamphile voulut bien passer sur cette irrégularité, en faveur de ce que la morue venait d’être salée la veille même ; seulement, il examina les tonneaux les uns après les autres, pour s’assurer que le poisson était de bonne qualité ; puis, les faisant clouer à mesure, il ordonna qu’on les transportât à fond de cale, à l’exception d’un seul qu’il garda pour son usage particulier.

Le soir, le docteur descendit près de lui au moment où il allait se mettre à table. Il venait, au nom de l’équipage, demander l’abandon de trois ou quatre tonneaux de morue fraîche. Depuis près d’un mois, les vivres étaient épuisés, et les matelots ne mangeaient que des tranches de baleine et des côtelettes de phoque. Le capitaine Pamphile demanda au docteur si les provisions manquaient ; le docteur répondit qu’il y en avait encore une certaine quantité de celles que nous venons de dire,