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bon, nous allons rire. Empoignez-moi ce gaillard-là, et à la porte.

— Il ne veut pas marcher, sergent.

— Eh bien, mais pourquoi avons-nous des crosses à nos fusils ? Allons, allons, dans les reins et dans le gras des jambes.

— Grooonnn ! grooonnn ! grooonnn !

— Tapez dessus, tapez dessus.

— Dites donc, sergent, dit un des municipaux, m’est avis que c’est un ours véritable : je viens de l’empoigner au collet et la peau tient à la chair.

— Alors, si c’est un ours, les plus grands ménagements pour l’animal : son propriétaire nous le ferait payer. Allez chercher la lanterne du pompier.

— Grooonnn !

— C’est égal, ours ou non, dit un des soldats, il a reçu une bonne volée, et, s’il a de la mémoire, il se souviendra de la garde municipale.

— Voilà l’objet demandé, dit un membre de la patrouille en apportant la lanterne.

— Approchez la lumière du visage du prévenu.

Le soldat obéit.

— C’est un museau, dit le sergent.

— Jésus, mon Dieu ! dit l’ouvreuse en se sauvant, un vrai ours !

— Eh bien, oui, un vrai ours. Faut voir s’il a des papiers, et le reconduire à son domicile ; il y aura probablement récompense ; cet animal se sera égaré, et, comme il aime la société, il sera entré au bal de l’Odéon.