Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou dans le volcan ou dans la mer ; mais il avait mis la patte dans la cendre, et il l’avait trouvée d’une température assez élevée pour y regarder à deux fois ; enfin, lorsqu’il vit que nous continuions d’aller en avant, il prit son parti, traversa le passage au galop, et nous rejoignit visiblement inquiet de ce qui allait se passer après un pareil début.

Les choses se passèrent mieux, pour le moment du moins, que nous ne nous y attendions : nous n’avions plus qu’à descendre par une pente assez douce, et nous parvînmes, après dix minutes de marche à peu près, sur une plate-forme qui domine le volcan actuel. Arrivés sur ce point, nous assistions à toutes ses évolutions ; et quelque envie qu’il en eût, il n’y avait plus moyen à lui d’avoir des secrets pour nous.

Le cratère de Stromboli a la forme d’un vaste entonnoir, au fond et au milieu duquel est une ouverture par laquelle entrerait un homme à peu près, et qui communique avec le foyer intérieur de la montagne ; c’est cette ouverture qui, pareille à la bouche d’un canon, lance une nuée de projectiles qui, en retombant dans le cratère, entraînent avec eux sur sa pente inclinée des pierres, des cendres et de la lave, les quelles, roulant vers le fond, bouchent cet entonnoir. Alors le volcan semble rassembler ses forces pendant quelques minutes, comprimé qu’il est par la clôture de sa soupape ; mais au bout d’un instant sa fumée tremble comme haletante ; on entend un mugissement sourd courir dans les flancs creux de la montagne ; enfin la canonnade éclate de nouveau, lançant à deux cents pieds au-dessus du sommet le plus élevé de nouvelles pierres et de nouvelles laves qui, en retombant et en refermant l’orifice du passage, préparent une nouvelle irruption.

Vu d’où nous étions, c’est-à-dire de haut en bas, ce spectacle est superbe et effrayant ; à chaque convulsion intérieure qu’éprouve la montagne, on la sent frémir sous soi, et il semble qu’elle va s’entr’ouvrir ; puis vient l’explosion, pareille à un arbre gigantesque de flamme et de fumée qui secoue ses feuilles de lave.

Pendant que nous examinions ce spectacle, le vent changea tout à coup : nous nous en aperçûmes à la fumée du cratère, qui, au lieu de continuer à s’éloigner de nous comme