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les grenades ; les autres ne sont point même mangeables. Malheureusement les Siciliens ont sur ce point une réponse on ne peut plus plausible aux plaintes des voyageurs ; ils vous montrent le malheureux passage de leur histoire où il est raconté que Narsès a attiré les Lombards en Italie en leur envoyant des fruits de Sicile. Comme c’est imprimé dans un livre, on n’a rien à dire, sinon que les fruits siciliens étaient plus beaux à cette époque qu’ils ne le sont aujourd’hui, ou que les Lombards n’avaient jamais mangé que des pommes à cidre.


EXCURSION AUX ÎLES ÉOLIENNES.

LIPARI.

Comme nous l’avait dit le capitaine, nous trouvâmes nos hommes sur le port. À vingt ou trente pas en mer, notre petit speronare se balançait vif, gracieux et fin, au milieu des gros bâtimens, comme un alcyon au milieu d’une troupe de cygnes. La barque nous attendait amarrée au quai : nous y descendîmes ; cinq minutes après nous étions à bord.

Ce fut avec un vif plaisir, Je l’avoue, que je me retrouvai au milieu de mes bons et braves matelots sur le parquet si propre et si bien lavé de notre speronare. Je passai ma tête dans la cabine ; nos deux lits étaient à leurs places. Après tant de draps d’une propreté douteuse, c’était quelque chose de délicieux à voir que ces draps éblouissans de blancheur. Peu s’en fallut que je ne me couchasse pour en sentir la fraîche impression.

Tout ceci doit paraître bien étrange au lecteur ; mais tout