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analogue à celle où nous étions, et qui, instruits par notre exemple, parviendront peut-être à s’en tirer mieux que nous ne le fîmes.

Je pensai avec raison que les différens matériaux de notre dîner prendraient un certain temps à réunir. Je résolus donc de ne pas laisser de bras inutiles. Je chargeai l’hôtesse de préparer le macaroni, le cicérone de trouver le poulet, le crétin d’aller me chercher pour deux grains de ficelle, Jadin de fendre les châtaignes, et je me chargeai, moi, d’aller cueillir la salade. Il en résulta qu’au bout de dix minutes chacun avait fait son affaire, à l’exception de Jadin, qui avait eu les holà à mettre entre la truie et Milord ; mais, pendant que les autres préparatifs s’accomplissaient, le temps perdu de ce côté se répara.

Le macaroni fut placé sur le feu ; la volaille, mise à mort, malgré ses protestations qu’elle était une poule et non un poulet, fut pendue à une ficelle par les deux pattes de derrière et commença de tourner sur elle-même ; enfin la salade, convenablement lavée et épluchée, attendit l’assaisonnement dans un saladier passé à trois eaux. On verra plus tard comment, malgré toutes ces précautions, j’arrivai à demeurer à jeun, et comment Jadin ne mangea que du macaroni.

Sur ces entrefaites la nuit était venue : on alluma deux lampes, une pour éclairer la table, l’autre pour éclairer le service ; comme on le voit, notre hôtesse faisait les choses splendidement.

On servit le macaroni : par bonheur pour Jadin c’était l’entrée ; il en mangea et le trouva fort bon ; quant à moi, j’ai déjà dit ma répugnance pour cette sorte de mets, je me contentai donc de regarder.

C’était au tour du poulet : il tournait comme un tonton, était rissolé à point, et présentait un aspect des plus appétissant ; je m’approchai pour couper la ficelle, et j’aperçus notre crétin qui, toujours couché dans les cendres, manipulait je ne sais quelle roba au-dessus du feu dans un petit plat de terre. J’eus la malheureuse curiosité de jeter un coup d’œil sur sa cuisine particulière, et je m’aperçus qu’il avait recueilli avec grand soin les intestins de notre volaille et les faisait frire. C’était fort ridicule sans doute ; mais, à cette vue, je