Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

celle-ci n’a cessé qu’après la découverte et l’adoption de la théorie de Stahl.

Que serait-il arrivé si la doctrine des quatre éléments d’Aristote n’avait pas préoccupé tous ces esprits ? Quand on voit dans la tête de Nicolas Le Fèvre une notion si vraie du principe comburant sur lequel il fonde sa doctrine ; quand on voit dans celle de Stahl un sentiment si exact des propriétés du principe combustible, auquel il rapporte toutes ses théories, on est tenté de croire que la Chimie eût fait des progrès bien plus prompts.

Quoi qu’il en soit, de Paracelse à Stahl la Chimie a constamment fait effort pour se débarrasser des quatre éléments d’Aristote, et, si j’osais exprimer ici ma pensée tout entière, je dirais qu’à mes yeux le mérite de Stahl n’est peut-être pas dans le rôle qu’il a fait jouer au phlogistique, comme on le pense généralement.

Ce qui donnera toujours à Stahl une auréole de grandeur et de gloire, c’est que non-seulement il a compris qu’il fallait reconnaître en Chimie des corps indécomposables, tout différents des éléments d’Aristote, mais qu’il a consommé cette révolution dans les idées. Examinez la question et vous serez bien vite convaincus que l’esprit humain a fait un pas immense le jour où ce principe de Philosophie naturelle a été admis, et à partir de Stahl il a fallu l’admettre.