Page:Dumas - Leçons sur la philosophie chimique, 1878.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

doit occuper, en des études où les raisonnements a priori ont si peu de portée. Becher connaît bien les faits ; il en donne une appréciation vraie ; il les classe avec sagesse et méthode ; il s’élève enfin par moments aux idées les plus nettes sur la nature des réactions chimiques. Pour lui, les phénomènes chimiques se passent entre des principes matériels qu’une force propre réunit pour former des composés. Rien n’empêche de détruire ceux-ci et de faire reparaître les principes avec leurs qualités fondamentales.

Il est curieux de remarquer qu’après avoir tant insisté sur la nature matérielle des êtres qui produisent les phénomènes chimiques, Becher et son commentateur Stahl aient accordé si peu d’attention l’un et l’autre à l’une des qualités les plus sensibles de la matière, sa pesanteur.

Le célèbre inventeur de la théorie du phlogistique, Stahl, à qui nous devons la connaissance de la meilleure partie des ouvrages de Becher, parvenue jusqu’à nous, a certainement puisé le germe de ses idées dans les écrits de ce dernier. Il n’en parle qu’avec une sorte de fanatisme. Ainsi, il appelle son ouvrage opus sine pari ; ailleurs, primum ac princeps ; ailleurs encore, liber undique et undique primus. Loin de se parer des dépouilles de Becher, il cherche par tous les moyens à montrer l’estime