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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

rale, conceptions stériles qui ne pouvaient servir qu’à jeter dans l’étude des phénomènes chimiques une déplorable confusion. Eh bien ! étudiez les chimistes du temps où ces idées florissaient, où elles dominaient les écoles, et vous verrez qu’ils s’en laissent difficilement imprégner ; vous verrez que leur bon sens saisit admirablement le vague de ces théories et leur peu de portée ; vous verrez qu’ils en repoussent l’application, tout comme nous repoussons aujourd’hui du domaine de la science toute spéculation trop éloignée des faits observables. C’est qu’il existe entre les chimistes actuels et les anciens chimistes quelque chose de commun : c’est la méthode. Et quelle est cette méthode, vieille comme notre science elle-même, et qui se caractérise dès son berceau ? C’est la foi la plus complète dans le témoignage des sens ; c’est une confiance sans bornes accordée à l’expérience ; c’est une aveugle soumission à la puissance des faits. Anciens ou modernes, les chimistes veulent voir avec les yeux du corps avant d’employer ceux de l’esprit ; ils veulent faire des théories pour les faits, et non chercher des faits pour les théories préconçues.

C’est sous le point de vue de la méthode qu’il faut examiner les ouvrages des anciens, pour comprendre ce qu’ils ont de philosophique ; et, prise à ce point de vue, cette étude n’est pas sans intérêt,