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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

s’appuie avec confiance sur le passé, pour s’élancer dans l’avenir.

D’ailleurs, Lémery, qui alors était établi comme pharmacien à Paris, avait su se concilier les esprits par d’autres qualités qui le rendirent en peu de temps populaire. Ainsi, pour les dames, il avait un blanc de fard très-estimé. Pour les étudiants, il avait une multitude de bons procédés de Chimie pratique. Pour les hommes graves, il avait une Chimie qu’on pourrait appeler nouvelle : il se recommandait par une philosophie sage et éclairée.

Nicolas Lémery n’avait pourtant pas reçu une éducation brillante. Né à Rouen, en 1645, élevé d’une façon très-modeste, il entra dans une pharmacie en qualité d’élève. Cherchant d’un esprit curieux à approfondir les pratiques de cet art, il y trouvait beaucoup de problèmes à résoudre, mais il n’en voyait pas la solution.

Il voulut donc étudier à fond la Chimie, et dans ce but il se rendit à Paris. Glazer, à qui il s’était adressé, lui fit, heureusement peut-être, un accueil peu bienveillant, et le dégoûta bientôt de ses leçons par son caractère dur et maussade. Il ne trouva dans cet homme qu’un maître mystérieux, ombrageux, craignant toujours non-seulement de dire, mais même de laisser deviner ce qu’il croyait savoir.