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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

connaissance aux adeptes ; mais vous me permettrez de m’arrêter plus près de Le Fèvre, c’est-à-dire au commencement du xviie siècle. L’ouvrage ex professo de Nuisement, poëte alchimiste, va nous faire connaître ce que l’on en pensait alors ; et où en trouverions-nous une notion plus étendue que dans les Traittez du vray sel secret des philosophes et de l’espriz général du monde ?

« Le monde, dit-il, n’est pas seulement corporel, mais participant d’intelligence, car il est plein d’idées omniformes. C’est son esprit qui communique la vie à tout ce qui respire, vit et croit. Le Soleil est le père de cet esprit du monde, de cet esprit universel ; la Lune en est la mère. L’air l’a porté dans son ventre, et la Terre lui a servi de nourrice. Il se corporifie, se change en terre, et dans cette terre il conserve sa vertu. »

Vous reconnaissez facilement dans cette idée le fond des dogmes du panthéisme ; et, du reste, si l’alchimiste nous laissait le moindre doute à ce sujet, le poète se chargerait de les lever tous, quand il s’écrie :

Pan le fort, le subtil, l’entier, l’universel,
Tout air, tout eau, tout terre et tout feu immortel,
Germe du feu, de l’air, de la terre et de l’onde,
Grand esprit avivant tous les membres du monde ;
Pour âme universelle en tous corps te logeant,
Auxquels tu donnes être et mouvement et vie…