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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

et l’expérience de l’antimoine, le coup décisif qu’il leur porte, après avoir recueilli ses forces et roidi son bras, afin d’abattre toutes ces têtes d’un seul coup.

Comment ces opinions si arrêtées sur l’effet principal de la calcination, comment ces idées si justes sur l’augmentation du poids des corps ont-elles disparu des discussions de la Chimie générale ? C’est que, par un instinct bien remarquable, on a toujours regardé les théories comme choses fort distinctes de la vérité ; c’est qu’à ce titre on s’est accordé depuis longtemps à donner aux théories une importance proportionnelle aux services qu’elles rendaient. On a accepté les théories qui menaient à découvrir quelque chose, et l’on a dédaigné celles dont les inventeurs s’étaient montrés stériles. En Chimie, nos théories sont des béquilles ; pour montrer qu’elles sont bonnes, il faut s’en servir et marcher. C’est ce que n’ont fait ni Jean Rey, ni Le Fèvre ; c’est ce qui explique l’oubli, le dédain même où tombèrent leurs idées ; c’est ce qui expliquera le dédain ou l’oubli dans lequel nous laissons tomber des idées justes peut-être, mises en avant de nos jours, mais dont les inventeurs devraient nous démontrer la puissance, en découvrant, à leur aide, quelqu’une de ces nouveautés que recèle toute théorie bien faite.

Une théorie établie sur vingt faits doit en expliquer